Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/33

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lieu de ſe perſuader que j’ai péché contre ſes règles éternelles. Semblables aux habitans des bois, ils en ont la brutalité, & j’aurois beau leur étaler votre ſupériorité & la force du diadême, le reſpect & la ſujétion, le droit que vous avez vous-même ſur leur vie, rien ne les calmeroit ; le préjugé & la loi l’emporteroient, & nous ſerions l’un & l’autre les victimes de leur emportement.

Je dis donc, ô grande princeſſe, que pour mettre à couvert vos jours précieux, il faut que vous ſoyez revêtue du manteau & des ajuſtemens que nos rois portent à leur initiation, lorſqu’ils deſcendent dans les catacombes myſtiques, où ils ſéjournent un tour du ſoleil ; par ce moyen les miniſtres du dieu que nous révérons, peu inſtruits de ce qui ſe paſſe au-deſſus d’eux, vous prendront pour leur maître, & ne feront aucune autre attention.

Ce raiſonnement étoit trop juſte, pour qu’il ne fît pas impreſſion. La reine conſentit à la métamorphoſe, & ſes ordres furent révoqués par elle au ſujet du tems fixé de ſon retour.

Ces choſes étant faites, le grand prêtre ouvrit la trape ſecrette ; il marcha devant la reine un flambeau à la main ; elle fut obligée de ſe repoſer pluſieurs fois ; le nombre des degrés, qui alloit déjà à près de deux mille, commen-