Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/79

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étoient trop variés, pour qu’elle put en ſi peu de tems en faire l’analyſe, & ſa ſituation trop preſſante pour lui laiſſer la liberté d’eſprit de les conſidérer plus long-tems.

Cependant le tems que j’avois été ſans avoir de nourriture, m’avoit affoibli : ma mère s’en apperçut ; & reconnoiſſant trop tard que le deſir qu’elle avoit eu de ſe préſerver de la chute de la corde fatale, lui avoit fait oublier de prendre le peu de proviſions qu’on avoit coutume de mettre dans la corbeille, elle tomba dans le déſeſpoir, & jetta des cris affreux. Elle fit de vains efforts pour réparer ſon peu de précaution, en remontant ſur le lieu où elle les avoit laiſſées : ſa recherche fut inutile, & ſa foibleſſe ne lui permit pas d’aller plus loin. Elle quitta ce lieu terrible, en continuant ſes clameurs ; mais quelle fut ſa ſurpriſe d’entendre une voix éloignée qui lui cria : patience, je ſuis bientôt à vous : elle tourna avec précipitation la tête, & elle vit un homme de l’autre côté du ruiſſeau, qui s’avançoit avec vivacité, elle treſſaillit de joie. Ô Vilkhonhis ? s’écria-t-elle, c’eſt toi qui vient me ſecourir : elle fut à ſa rencontre ; & à meſure qu’elle s’approchoit vers cet homme, elle diſtinguoit des traits ſemblables à ceux des peuples du pays dont elle venoit d’être proſcrite. Ah ! ſans doute, ſe dit-elle intérieure-