Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/80

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ment, c’eſt quelqu’infortuné comme moi, qui par un miracle ſemblable échappe à la rigueur du ſort, auquel il étoit peut-être injuſtement condamné. En faiſant cette réflexion, elle ſe trouva près de lui. Ô ciel, s’écria l’inconnu, en reculant deux pas, que vois-je ? La reine ! Qu’en dois-je croire ? Et quelle avanture horrible l’a précipitée dans ces lieux ? Hélas ! reprit ma mère, ne remettant pas l’inconnu, qui êtes-vous ? & d’où vient que j’entends prononcer mon nom dans un endroit ſi indigne de ma gloire, & qui par l’hommage qu’on me rend dans l’état où je ſuis, achève de me couvrir d’opprobre ? Comment, princeſſe, reprit l’inconnu, quelle que ſoit la cauſe qui vous préſente à mes yeux, elle ne peut qu’être glorieuſe. Le grand Vilkhonhis ne protège pas des criminels, & ne fait pas des miracles en vain. Condamné par l’iniquité à une mort certaine, vous me voyez, comme vous, échappé au ſupplice ; le ciel m’a préſervé de la chûte fatale, & m’a donné des ſecours juſques dans le ſein de l’impuiſſance ; ma vertu triomphe, & mes ennemis en croyant me détruire, m’ont procuré une vie cent fois plus tranquille, que celle dont ils ont cru me priver. Venez, princeſſe, venez dépoſer entre mes bras un fardeau précieux, & qui ne peut