Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 20.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les blancs, pour y être ſacrifiés ? Jugez, ô Lamékis de l’impreſſion que ce diſcours me fit, ne me laiſſant pas douter que j’étois dans l’empire de mon père, de ce père pour lequel j’avois conçu une averſion que tous les ſentimens de la nature n’avoient pu empêcher, & que l’intérêt de ma mère injuſtement proſcrite, avoit fait naître dans le préjugé de l’enfance, d’une mère qui me devenoit d’autant plus chère que la deſtinée l’arrachoit de ſes bras. Les dangers que je venois de courir, avoient ſuſpendu mes réflexions ; mais le diſcours de l’inconnu les réveilla & me fit ſentir la perte que je faiſois. Ô ciel, m’écriai-je, où eſt-il ce roi barbare dont vous parlez, qui couvre ma mère d’opprobre & qui la ſacrifie à ſon injuste colère ? où dois-je le trouver ? Ah ! tout jeune que je ſuis, mon indignation me donnera aſſez de force pour lui ôter une vie… Mais que dis-je, grands dieux ! C’eſt mon père : Houcaïs m’a donné le jour… Qu’entends-je, s’écria l’inconnu ? Que dites vous ? Vous, fils du roi des Abdales ! Sans doute que la crainte vous trouble & vous égare. Mais que vois-je ! Quels traits frappent mes regards ! Quelle reſſemblance ? À la couleur près, je reconnois… Mais non, je m’abuſe : Hildaë a fini ſes jours malheureux dans le profond Houzaïl, & ſon fils a partagé