Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/319

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

adouci le chagrin qu’il avoit eu de la perte du feu roi. Il espéroit de goûter avec elle toutes les douceurs qu’un amour légitime permet à de nouveaux mariés ; & voulant se servir du privilège que cette qualité lui donnoit : Seigneur, lui dit la reine, bien que j’aye l’honneur d’être votre femme, & qu’il soit juste que je consente à ce que vous souhaitez de moi ; néanmoins, avant que de vous rien accorder, je vous supplie d’avoir la bonté de faire mettre mon nom auprès du vôtre sur la monnoie que l’on frappe dans vos états.

Le roi jugeant qu’il ne pouvoit pas, avec honneur, lui octroyer sa demande : Madame, lui dit-il, s’il y a quelque exemple qui justifie que mes prédécesseurs l’ayent fait, vous pouvez compter que, vous aimant au point que je vous aime, je vous accorderai ce que vous me demandez ; mais comme cela ne s’est jamais pratiqué dans mon royaume, ni dans aucun état du monde, je vous prie de m’en dispenser. Je n’aurois jamais cru, seigneur, répondit-elle, que vous m’eussiez refusé la première grâce que je vous demande ; & puisque je reconnois que vous n’avez guère d’amour pour moi, je ne dois pas en avoir d’avantage pour vous, étant juste qu’ayant autant d’égard que vous en avez pour votre honneur,