Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/56

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mon bonheur de vous voir venir à mon secours ! Que je chéris mon entreprise, puisqu’elle me donne le plaisir de connoître à qu’elle point vous vous intéressez pour moi !

Oui, dit la princesse d’un ton triste, vous avez fait là une belle affaire ; il faudra ne nous plus voir. Ne valoit-il pas mieux laisser à Solocule tous les yeux du monde, s’il les eût eus, que de faire une chose qui causeroit votre trépas, si vous ne quittiez ces lieux ? Quoi ! dit Prenany, il faudra donc m’éloigner, ma princesse ? Sans doute, répondit assez rudement la gouvernante qui n’étoit point amoureuse, & qui mouroit de peur que l’on découvrît la démarche qu’elle faisoit faire à la princesse, montez sur le cheval que nous vous amenons, & allez le plus loin que vous pourrez.

À ces mots, Prenany & Fêlée se mirent à pleurer. Allez, mon cher Prenany, dit la princesse, croyez que je ne vous oublierai jamais. Que je sois de même toujours présente à votre pensée, & sans doute un temps plus heureux nous rejoindra. Je vous écrirai quand Acariasta sera morte ; & ma mère, qui vous aime bien, vous pardonnera. Le malheureux Prenany monta à cheval, baisa tendrement la main de la princesse, & s’éloigna d’elle. La gouvernante ramena Fêlée au palais, & toutes deux se