Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 25.djvu/94

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toute sa gaîté. Le jeune Prenany en fut surpris. Quoi, lui dit-il, je craignois pour vous une migraine violente. Bon, dit la nymphe, ne voyez-vous pas que ces vieux bouquins m’ennuyoient. On les souffre tant qu’ils sont nécessaires ; dès qu’ils ne sont plus bons à rien, on les congédie.

Outre cela, ajouta la nymphe, j’ai bien des secrets à vous révéler. C’est pour vous seul que je suis dans ces lieux ; j’ai connu votre amour pour Fêlée dans un des premiers repas que vous donna un jeune magistrat d’Azinie, vous pouvez vous souvenir d’une jeune brune qui chantoit alors avec vous. Je ne vous aurois pas assurément reconnue, dit Prenany ; vous aviez ce jour-là les cheveux extrêmement noirs ; aujourd’hui vous êtes d’un blond argenté le plus beau du monde. C’étoit pourtant moi-même, reprit la nymphe, & c’est l’agrément des cheveux blonds de pouvoir être déguisés ; les brunes n’ont point ce privilége.

Lorsque j’eus donc appris votre passion, continua la nymphe, j’ai voulu connoître votre maîtresse, & l’ai trouvée si digne de vous, que j’ai résolu de vous réunir. Tandis que je formois ce projet, j’ai su que vous aviez un rival dans le roi Dondin, & qu’il tenoit votre princesse assiégée. La témérité de ce petit monarque m’a