Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/110

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elle ſe faiſoit un plaiſir de les regarder par une fenêtre ſe promener dans cette maſcarade, perſuadée que c’étoient ſes gardes. On la ſervoit à genoux, on l’honoroit du titre de majeſté impériale. Pendant qu’on avoit toutes ſortes de complaiſances pour ſa chimère favorite, & qu’on l’amuſoit par l’image de choſes qui n’avoient aucune réalité ; elle étoit aſſez malheureuſe pour être hors d’état de porter ſes réflexions ſur les vérités où elle avoit le plus grand intérêt. Elle étoit, ſous la conduite des tuteurs ; réellement miſérable ; & le triſte objet de la compaſſion publique.

Le ſeul contentement qui puiſſe porter l’homme à un bonheur digne de l’excellence de ſa nature, doit avoir ſa baſe dans les principes de vertu. La ſatisfaction digne de l’homme eſt la paix d’une ame raiſonnable. Le dérangement de l’eſprit & le vice n’ont rien à démêler avec elle. De quelle paix l’ame peut-elle jouir, quand elle eſt dominée par le crime, qui a pour ſes ſatellites le trouble & l’inquiétude ? La paix ne ſauroit régner dans un cœur, quand les remords lui font la guerre, & que des deſirs extravagans & criminels l’attaquent de tous côtés. Comment l’eſprit peut-il être tranquille, quand au-delà des plaiſirs qui s’offrent à lui en foule, il découvre