Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une perſpective de malheurs qui l’empêchent de jouir du préſent, par des appréhenſions & par des craintes, qui ne ſont que trop bien fondées ? Il n’y a pourtant que cette paix de l’ame, qui puiſſe embellir la phyſionomie de cet air agréable qui plaît tant dans la ſociété, & qu’il eſt impoſſible de contrefaire.

Douce paix de l’eſprit, heureux repos de l’ame,
Source des vrais plaiſirs, ſeul & parfait bonheur,
Le mortel vous détruit, tandis qu’il vous réclame,
Et pour vous acquérir vous bannit de ſon cœur.

L’avare vous recherche, &, d’un fol eſpoir, ivre,
Il vous enſevelit dans les goufres des flots ;
Bien loin de vous trouver, aux troubles il se livre
Pour amaſſer matière à des troubles nouveaux.

Qu’il creuſe, affamé d’or, ces ténébreux abîmes,
Où le ciel l’a caché par de ſages arrêts ;
Il y pourra trouver cet inſtrument des crimes :
Mais la tranquillité ne s’y trouva jamais.

Non, pâle adorateur de la riche abondance,
N’attends pas ce tréſor de ſes prodigues mains :
De ſa corne qui verſe un ruiſſeau d’opulence,
Ne vois-tu pas couler des fleuves de chagrins ?

Sous le chaume ruſtique, on trouve la retraite,
Où l’aimable repos ſe préſente à nos yeux.
Mais de ſoucis aîlés une troupe inquiète,
Vole autour des lambris des palais orgueilleux.