Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/118

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ces fous orgueilleux ; mais qu’elles ne font rien au ſujet que je me ſuis propoſé ; ſavoir, à ce qu’il y a de vicieux dans la converſation.

Je conviens avec ceux qui pourroient me faire cette objection, que, quelquefois, la folie & la vanité peuvent procéder d’une foibleſſe d’eſprit naturelle, & par conſéquent être moins des diſpoſitions criminelles, que des diſpoſitions malheureuſes. Mais s’ils ſont capables de faire quelques réflexions, ils voudront bien auſſi m’avouer que bien ſouvent, ces défauts ont leur ſource plutôt dans le cœur, que dans l’eſprit, & qu’il eſt très-poſſible, qu’ils dérivent du vice ou de la négligence. Les fous de cette dernière claſſe, ne le ſeroient pas, s’ils vouloient bien ſe donner la peine de prêter quelqu’attention à leurs idées & à leurs ſentimens, & ils peuvent être arrêtés sur le bord du précipice, par de bonnes exhortations.

C’eſt quelquefois faute d’une attention légère, & très-praticable par les eſprits les plus foibles mêmes, que certains fous, bouffis de vanité, vont, dans leurs actions, bien plus loin que leur foibleſſe d’eſprit ne devroit les mener naturellement. Pour le faire ſentir, je rapporterai ici une querelle auſſi forte que furieuſe, & irréconciliable, que j’ai vu arriver entre deux fous orgueilleux : elle venoit de ce que l’un des deux avoit traité l’autre de fou, quoique malheureuſement