Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 3.djvu/99

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une certaine profession, ne fera que ramper dans une autre, & c’est faute d’avoir étudié, avec attention, les caractères & les penchans de la jeunesse, que notre île est si remplie de savans stupides, pédantesques, qui deshonorent les sciences, & que l’étude ne fait que rendre plus méprisables. Ce n’est pas assez que de prendre tous les soins imaginables pour faire instruire ses enfans comme il faut ; un père doit être encore le gouverneur en chef de sa famille, veiller sur les actions de ses enfans, leur donner de bons préceptes, & donner du poids à ses leçons par son exemple ; on a beau payer ce qu’on doit à ses créanciers, si on ne s’acquitte pas de ses dettes envers sa famille, on est indigne du nom d’homme d’honneur.

La plupart des hommes ont une idée impertinente de la véritable honnêteté ; ils ne la considèrent que comme une vertu de négociant, ou, tout au plus, ils la bornent à ce qui est juste & injuste au tribunal du juge civil. Ils s’imaginent d’ailleurs qu’il est fort aisé d’acquérir cette vertu, & qu’il est encore plus facile de la perdre. D’un côté on peut la conserver avec les crimes de David, quand les fautes sont passagères, & que le fond du cœur continue à être bon ; d’un autre on peut se flatter en vain de la posséder, quoiqu’on soit de la dernière exactitude à remplir les