Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/11

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éclatant à tous les bruits tendancieux dont ils connaissaient bien l’inanité.

Il semble que ce moment soit arrivé. Il est évident que la lutte sans merci, menée par le peuple ukrainien pour avoir le droit de disposer de soi-même, a convaincu tous ceux qui ne s’entêtent pas dans leurs préjugés que les aspirations nationales de ce peuple ne sont point une chimère, mais reposent sur la volonté d’une nation qui compte plus de 40 millions d’âmes, d’établir son indépendance politique et intellectuelle au milieu des autres peuples slaves. Et, grâce aux qualités originales de sa vie nationale, à ses coutumes, au développement de ses idées, à la valeur intrinsèque de ses créations littéraires, il ne manquera pas d’attirer l’attention et l’intérêt du public pensant.

L’Institut Sociologique Ukrainien, considérant comme son devoir de donner la plus grande publicité possible aux œuvres nationales, fait le premier pas dans cette direction en offrant au public une petite anthologie de littérature ukrainienne s’étendant jusqu’au milieu du siècle dernier, jusqu’aux œuvres de Chevtchenko et de ses contemporains, qui sont comme la base du mouvement ultérieur moderne. Puisqu’il ne s’agissait pas tant de fournir des matériaux aux savants spécialistes que de mettre sous les yeux de tous ceux qui s’intéressent à la vie ukrainienne un choix des œuvres les plus marquantes, nous avons évité de donner à cette collection des proportions volumineuses, laissant résolument de côté ce qui présentait un intérêt trop spécial. Mais, d’un autre côté, on y trouvera les éléments suffisants pour se faire un idée claire du développement de cette littérature aux diverses périodes de son histoire, alors qu’on l’appelait simplement russe, puis petite-russienne, jusqu’à ce qu’elle prit l’appellation moderne d’ukrainienne.

Dans l’abrégé de l’histoire de l’Ukraine, déjà édité par l’Institut Sociologique, on a expliqué tout au long les causes de ces changements dans la terminologie, qui n’ont pas peu contribué à jeter la confusion dans les esprits. Nous y renverrons donc le lecteur et nous nous contenterons de donner ici une brève esquisse des conditions dans lesquelles se sont opérés ces changements.

Le nom de « russe » est intimement lié à l’ancien royaume de Kiev ; il servait plus spécialement à désigner le groupe méridional des tribus slaves orientales, d’où sont sortis les

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