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Ukrainiens actuels. Il s’est conservé intact dans les contrées habitées par celles de leurs branches qui, par leur voisinage, eurent peu d’occasion de prendre une dénomination propre qui les distinguât de leurs frères d’Orient, tandis que leurs rapports quotidiens les mettaient en contact avec les Polonais, les Lithuaniens, les Roumains ou les Hongrois. Ainsi, dans la Galicie, la Bukowine, et dans les contrées Transcarpathiques, les tribus ukrainiennes ont gardé jusqu’à tout récemment le nom de « russe » ou « ruthène » comme leur appellation nationale, quoique l’on ne puisse soutenir qu’elles n’eussent pas du tout conscience d’une différence qui les séparât des autres nationalités orientales, qui continuaient également à porter le même nom, comme les Blancs-Russes et les Grands-Russes.

Pour des raisons d’ordre hiérarchique et dynastique, le nom de russe s’est étroitement lié à une époque plus récente à la branche grande-russienne des slaves orientaux. La Moscovie s’était formée assez tard grâce à la colonisation par les Slaves de contrées finnoises, mais ses métropolites dérivaient directement leurs fonctions du siège de Kiev, tandis que les princes moscovites mettaient sans cesse en avant leurs droits dynastiques qui leur seraient échus, au dire des politiciens de Moscou, lorsque la vieille dynastie de Kiev s’éteignit à Kiev, en Galicie et dans les autres centres politiques. Cette hérédité légale leur fut reconnue par Byzance, de sorte que l’empereur grec et le patriarche donnèrent le nom de « métropolite de Grande Russie » ou simplement « de la Russie » à celui qui s’était transporté de Kiev à Moscou, tout en étant supposé avoir conservé sous sa puissance son ancien ressort, tandis que le métropolite qui fut créé plus tard pour l’Ukraine Occidentale reçut du patriarche le nom de « métropolite de la Petite-Russie ». Dans la suite, on employa cette dénomination dans les relations du métropolite ukrainien avec le métropolite grand-russien. Mais ces relations furent assez rares, de sorte que la dite appellation fut, en somme, peu usitée. À partir du xive siècle, la vie intellectuelle de ces deux branches slaves se sépare de plus en plus : les intérêts de la Grande-Russie l’attiraient vers le nord et l’orient ; elle était prise dans le système de la horde tartare, sous la domination de laquelle Moscou resta jusqu’à la fin du xve siècle. Au contraire, les contrées ukrainiennes, liées par leur histoire à la Pologne, à la Lithuanie, à la Hongrie et à la Roumainie, entrèrent dans des rapports très étroits avec la civilisation occi-

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