Page:Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu'au milieu du XIXe siècle.djvu/125

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le langage parlé et que, par conséquent, on ne doit pas lui imposer des formes qui ne lui sont pas naturelles, l’embarrasser dans des entraves étrangères. Tout le monde est forcé de reconnaître que la langue prise aujourd’hui sur les lèvres du peuple ne peut suffire à satisfaire de nos jours aux exigences de la science. Mais, pourquoi nous creuser la tête à créer des mots nouveaux, sans être sûrs qu’ils ne soient pas contraires à l’esprit de notre langue ? Tournons-nous vers nos origines, ces sources intarissables, nous y trouverons une grande quantité de mots déjà tout faits et s’il nous faut pour cela descendre à une grande profondeur, l’eau n’en sera que plus fraîche et plus salubre.

Ces anciens monuments russes constitueront les racines naturelles sur lesquelles croîtra l’arbre de la littérature nationale : plus les racines pénètrent profondément, plus le tronc pousse vigoureusement, plus l’arbre grandit, plus les branches se déploient. Peignons sur ce fond éternel, avec des couleurs qui soient bien à nous, l’image de notre vie nationale. Bâtissons sur ce fondement de pierre, sur cette base nationale et non pas sur la seule charpente fragile de la langue du bas peuple, l’édifice de notre instruction publique, faisons-en sortir une littérature populaire, qui ne soit pas seulement le passe-temps de quelques amateurs, mais qui serve de nourriture substantielle au peuple entier. Ce sera alors le monument des progrès de notre peuple, le temple qui survivra aux siècles et qu’aucune force humaine ne pourra ni ébranler, ni détruire.


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