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Tua cet autre — et maintenant il est au ciel !
Vous voyez quel genre de saints
Sont assis dans notre paradis. Vous vivez dans les ténèbres,
Vous n’avez pas été éclairés par les dogmes !
Venez apprendre à notre école ! Chez nous le mot d’ordre est piller !
Pille et donne pour l’église,
Et directement tu vas en paradis —
Tu peux y prendre même toute ta famille !

« Chez nous, que ne savons-nous pas ?
Nous comptons les étoiles, nous semons le sarrasin,
Nous crions contre les Français, nous vendons
Ou bien nous jouons aux cartes,
Les gens — non pas des nègres, mais aussi bien que nous
Des chrétiens, seulement des gens simples.
Nous ne sommes pas des espagnols ! Dieu nous garde
De revendre des choses volées
Comme les Juifs : nous vivons suivant la loi ! »

D’après la loi des apôtres
Aimez-vous vos frères ?
Les parjures, les flatteurs
Maudits de Dieu !
Non, vous n’aimez d’autrui que la peau
Et pas l’âme,
Et vous volez suivant la loi :
Une fourrure pour vos filles,
Une dot pour vos bâtards,
Des pantoufles pour vos femmes
Et pour vous-mêmes ce qui ne regarde
Ni vos enfants, ni vos femmes !

Pour qui t’as-t-on crucifié,
Ô Christ, fils de Dieu ?
Pour nous, bonnes gens ? Est-ce pour l’amour
De la vérité ? Ou peut-être
Pour que nous nous moquions de toi ?
C’est ce qui est arrivé !
Nous avons des églises, des chapelles, des icônes,
Des candélabres, la fumée de l’encens,
On fait devant Ton image
Des génuflexions sans fin,

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