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Et il le fallait bien, puisqu’elle n’avait pas écouté la voix de l’Ukraine, et qu’elle avait perdu sa sœur.

Mais la Pologne n’a pas péri, car l’Ukraine la réveillera, l’Ukraine qui ne se souvient pas du mal qu’on lui a fait et qui aime sa sœur, comme si rien ne s’était passé entre elles.

Et la voix de l’Ukraine a retenti en Moscovie, lorsque après la mort du tzar Alexandre, les Russes voulurent chasser le tzar et les seigneurs, fonder la République et unir tous les Slaves, à l’image des trois hypostases de Dieu, unies et distinctes ; c’est ce que l’Ukraine avait voulu 200 ans auparavant.

Mais le despote ne le souffrit pas : les uns rendirent l’âme sur le gibet, d’autres furent tourmentés à mort dans les mines, enfin d’autres furent envoyés à la boucherie chez les Tcherkesses.

Et le bourreau despote continue à régner sur les trois peuples slaves, il gouverne par des Allemands, il avilit, déforme et pervertit la bonne nature slave ; et il n’y a rien à faire.

Car la voix de l’Ukraine ne s’est pas éteinte.

Et l’Ukraine se lèvera de son tombeau, de nouveau elle appellera ses frères slaves, sa voix se fera entendre, le monde slave se soulèvera et il ne restera plus ni tzar, ni tzarévitch, ni tzarevna, ni prince, ni comte, ni duc, ni altesse, ni excellence, ni seigneur, ni boïard, ni serf, ni esclave — tout aussi bien en Moscovie, qu’en Pologne, en Ukraine, en Bohème, en Carinthie, en Serbie, ou en Bulgarie.

Et l’Ukraine deviendra une République indépendante dans la fédération slave.

Alors tous les peuples, montrant du doigt sur la carte l’endroit où l’Ukraine sera peinte, diront : « Voilà la pierre que le constructeur avait négligée, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire de la construction. »

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