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Et lorsque les frères du même sang,
Comme des pigeons gris,
Commencèrent à traverser les ronces et les bois verts,
Le frère cadet en arrivant aux ronces
Et aux bocages, s’écarta du chemin
Et se mit à couper les rameaux verts
Pour laisser des marques à son jeune frère qui allait à pied.

Et quand ils sortirent des ronces et des buissons,
Où il avait laissé au plus jeune frère
Des marques sur la route, le cadet
Dit ces mots à l’aîné :
« Frère aîné de mon sang, je t’en prie,
Ici le gazon est vert, l’eau fraîche, les roseaux nous protègent.
Arrêtons-nous, laissons paître nos chevaux,
Attendons notre jeune frère, ne serait-ce qu’un moment,
Ou revenons en arrière et prenons-le sur nos chevaux.
Faisons-lui faire un bout de chemin vers les villes chrétiennes. »

Mais le frère aîné, s’adressant au cadet,
Lui dit ces mots :
« Frère cadet, frère de même sang,
N’as-tu pas assez des galères turques,
Tes mains blanches ne sont-elles pas assez écorchées,
Que tu veuilles revenir en arrière, perdre du temps,
Et surcharger ton cheval ? »
....................
Et quand le plus jeune frère,
Le pauvre piéton,
Commença à traverser les ronces et les bois,
Et trouva les branches vertes,
Il les prit dans ses mains, les pressa sur son cœur
Et prononça ces paroles, en versant des larmes :
« Dieu bienfaisant, céleste créateur,
Mes frères sont passés par ici à cheval
Et ont pris bien soin de moi.
Ils ont coupé des branches de ronce
Et les ont laissées à leur jeune frère,
Au pauvre piéton, pour qu’elles me servent de signes
Afin que je puisse me sauver de l’esclavage,
Vers les pays chrétiens,
Vers mon père, ma mère et ma famille.

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