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Le temps perdu ne se rattrape pas.

De derrière les montagnes, des montagnes escarpées,
Les aigles prennent leur vol.
Je n’ai point connu de joie
Et les années s’enfuient.

Harnachez les chevaux,
Les chevaux noirs
Que nous rattrapions mes années,
Mes années de jeunesse.

Ils ont rattrapé mes années
Sur le pont d’obier[1].
— Oh ! revenez moi mes années.
Ne serait-ce que pour quelques instants.

— Nous ne reviendrons point, nous ne reviendrons point.
Pour qui reviendrions nous ?
Il fallait prendre soin de nous.
Comme de ta santé.

L’abandonnée.

Ami, es-tu couvert de la poussière du chemin
Ou du givre de la tourmente,
Que tu ne viennes pas à moi
Le long de la rue ?

Pourquoi ne viens-tu pas à moi,
Même par les monts escarpés,
Et me laisses-tu orpheline,
Au milieu des ennemis.

Pourquoi, ami, ne m’as-tu pas écoutée
Quand je t’ai dit :
Allons, marions-nous en secret
Et que la mère n’en sache rien ?

Tu as obéi à ta mère,
Et tu m’as abandonnée.
Tu m’as laissée orpheline,
Et tu en cherches une autre.

  1. Sur la signification symbolique de l’obier voir note page 41.
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