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HYAKOU-NIN-IS-SYOU.

sen-siû. a été composée par Kama-kura U-daï-zin, autrement appelé Yori-iye.

Sous le règne de l’empereur Tsŭtsi-mikado-no In, au premier mois de la première année de l’ère Syô-dzi (1199), le premier lieutenant-impérial (syô-gun[1]) Mina-moto-no Yori-tomo étant mort, son fils légitime Yori-iye, âgé de dix-huit ans, lui succéda. Sa mère, Masa-go, était fille de Hô-deô Tokimasa. Comme le jeune Yori-iyé était de sa nature fainéant, il fut incapable de rendre la justice et de gouverner. On choisit donc à la cour de Kama-kura, résidence des deux premiers lieutenants impériaux, un homme appelé Mi-yosi-no Yosinobu pour rendre la justice. Toki-masa, hiro-moto, Yosi-nobu, Mi-ura Yosi-zŭmi, Ya-ta-no Tomo-iye, Wa-da-no Yosi-mori, Kadzi-vara Kage-toki, hi-ki-no Yosi-kazŭ, Tô-ku-rô Morinaga, etc., furent chargés du gouvernement et eurent à accomplir toutes les affaires grandes et petites de l’administration de l’empire.

Le septième mois de la même année, Yori-iyé, ayant entendu dire que la femme de A-datsi Kage-mori était très-jolie, envoya ce dernier pour réduire des brigands qui s’étaient révoltés dans le pays de San-siu ; puis, profitant de l’absence du mari, il chargea son favori Naka-no Yosi-nari d’aller dans sa maison pour s’emparer de sa femme, et en fit sa maîtresse.

Kagémori, ayant appris cet enlèvement, entra dans une grande colère, et le bruit de son ressentiment ne tarda pas à arriver jusqu’aux oreilles de Yori-iyé. Celui-ci réunit alors

  1. On a l’habitude de désigner en Occident, sous le titre d’empereur temporel, le prince que les Japonais appellent Syô-gun (général) et que la colonie européenne de Yokohama nomme communément taï-kun (taïkoun). Je le désigne sous le titre de lieutenant impérial parce qu’il était en réalité le chef des armées du Japon, au nom et place du mikado, son souverain.