Page:Apollinaire - L’Enfer de la Bibliothèque nationale.djvu/106

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Duboys fait dire des vers charmants, que nous ne pouvons tous citer, faute d’espace, mais dont voici un échantillon :


« Messieurs, salut, salut mesdames ;
Vous les grâces, et vous les flammes,
Intelligences et beautés,
Le personnel de cette scène,
Ce soir, va faire son étrenne
Devant vos doubles majestés.

« Il ne manquera pas de zèle ;
Mais, ainsi que la demoiselle
Que l’on nomme Anna Bellangé,
Ce personnel assez folâtre
N’a paru sur aucun théâtre
Et désire être encouragé.

« Cachez donc bien vos clefs forées,
Point de clameurs exagérées,
Où l’on imite exactement
Les mille bruits de la nature,
Depuis l’orage et son murmure
Jusqu’au chien et son aboiement.

« Nous comptons sur votre sagesse
Pour que personne ne transgresse
Cet avertissement léger,
Et même dans notre service,
Nous avons omis la police,
De peur de vous désobliger.


« Notre nouveau théâtre a fait des frais énormes ;
Veuillez vous assurer que tout est peint à neuf ;
Arlequin suspendu fait admirer ses formes,
Et Jourdain ses souliers brillants, cirés à l’œuf.


« Pierrot pendu fait la grimace,
Et de son œil écarquillé,
Il contemple une contrebasse,
Auprès du pot qu’il a pillé.


« La triste Melpomène et la folle Thalie
Changent enfin de robe après quatre cents ans :
L’une va chez Ricourt pour jouer Athalie ;
L’autre reste aux Ducs Jobs, passés, futurs, présents.