Page:Apollinaire - La Femme assise.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

déplorer comme ailleurs que la fougue virile, dépassant les bornes permises, aille s’ébrouer dans un domaine dont l’accès est interdit.

« Pareillement la pluralité des épouses les maintient dans la réserve nécessaire au beau sexe, chacune d’elles ne se souciant point de se déconsidérer aux yeux des femmes qui les entourent et qui, ne la quittant guère, ne lui donnent pas d’occasion (pas plus qu’elles n’en trouvent elles-mêmes) de rompre la foi conjugale.

« Et peu à peu ces discours firent de l’impression sur l’esprit de Paméla. Elle se laissa aller à ces raisonnements sans cependant les prendre au pied de la lettre. L’épouse no 19 lui souriait en dessous, haussait les épaules, mais ne se mêlait point de catéchiser et, pendant que les autres parlaient, elle se mettait à la fenêtre et son visage s’attristait comme si elle avait attendu quelqu’un qui ne venait jamais. Puis, quand elle se retournait, elle souriait encore, comme pour se moquer de ce qu’on disait et proposait