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Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/257

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Serguevskaïa, mais j’avais à finir l’histoire des ducs de Bourgogne, et, au fond, j’étais ravi de ce prétexte. Au perron, il y avait beaucoup de voitures et, dès l’escalier, j’entendis chanter.

Soudain je fus pris d’une telle timidité que, sans entrer au salon, je fis un détour pour me rendre chez Maria Pétrovna.

En traversant la salle à manger, j’entendis distinctement la chanson, qu’avec sa vilaine voix de baryton Michel Kozielsky chantait au piano. C’était un air tzigane en vogue, et sans doute il improvisait les paroles.

 
Lydia Lvovna
Est trop câline
Et Melchissédec
Est un homme charmant !


Et les demoiselles répétaient en chœur : un homme charmant.

La lecture n’eut pas lieu, parce que Maria Pétrovna avait aussi du monde. On me proposa immédiatement une partie de whist ; mais, avant de me mettre à jouer, je décidai d’entrer au salon. À mon apparition, le bruit et les cris ne cessèrent pas complètement, mais diminuèrent. En plaisantant je reprochai à Lydia de m’avoir trompé la veille ;