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Chambres de commerce et Chambres consultatives des arts et manufaotures. — Les membres des chambres de commerce et des chambres consultatives sont nommés par les mêmes électeurs que les présidents et les juges titulaires ou suppléants des tribunaux de commerce et dans des conditions identiques. (Loi du 19 février 1908, art. 2, § 1.)

Prévoyance. Conseil supérieur de la mutualité. — Ce Conseil est composé de 36 membres, savoir : dix-huit représentants des Sociétés de secours mutuels, élus par les délégués des sociétés… (Loi du 1er avril 1898, art. 34.)


Bien qu’il n’y ait pas de mention particulière concernant les femmes, il est bien certain que celles-ci ne font l’objet d’aucune exclusion, puisque les sociétés de secours mutuels exclusivement féminines sont autorisées.


L’Éducation des Femmes


Il est aisé de se rendre compte que la femme participe actuellement à toute la vie économique du pays ; c’est pour cela d’ailleurs que, peu à peu, quelques droits lui ont été concédés, Pour quelles raisons prétend-on donc la maintenir hors du domaine politique ? Il ne saurait plus être question de la femme au foyer. Depuis trop longtemps déjà la grande industrie emploie des ouvrières qu’elle paie moins cher que les hommes, et ce n’est pas la faute du féminisme si la mère de famille a dû quitter son ménage pour se rendre à l’usine, au magasin ou au bureau. C’est là un fait dont on peut discuter les conséquences, mais qu’il est impossible de contester.

Un des grands arguments des antiféministes est celui-ci : la femme n’est pas soldat. « Sac au dos, disent-ils, et vous aurez le bulletin de vote ». Ils oublient qu’il n’y a jamais eu aucune corrélation entre l’accomplissement du service militaire et l’exercice des droits politiques. Les dispensés et les réformés n’ont jamais été privés de leurs droits, bien qu’ils n’aillent pas à la caserne. D’ailleurs, la femme a une autre mission à remplir : celle de la maternité qui n’est ni moins pénible ni moins dangereuse que le séjour à la caserne.

Certains républicains ajoutent : « Mais la femme est réactionnaire, et lui accorder le bulletin de vote serait mettre en péril l’existence de la République. » Ceci n’est pas prouvé : car, aussi longtemps que les femmes ne voteront pas, il sera bien difficile de connaître exactement leurs opinions. De plus, a-t-il jamais été question de retirer le droit de suffrage à tous les hommes qui se disent royalistes ou impérialistes ? Pourquoi la liberté d’opinion devrait-elle donc être respectée uniquement à l’égard des hommes ? Cette crainte est d’ailleurs exagérée ; beaucoup de femmes sont très fermement attachées aux principes républicains. Dira-t-on que leur éducation sociale et politique est incomplète et insuffisante ? Nous venons de voir qu’elles participent à des élections diverses et qu’elles ont pu prendre ainsi peu à peu l’habitude de la discussion. En outre, des femmes dont la valeur et la compétence en certaines matières ont été officiellement reconnues, furent appelées à siéger dans des Conseils supérieurs ou dans des Commissions extra-parlementaires. On trouve aussi des femmes dans les Conseils d’administration des bureaux de