Page:Appel à la justice adressé par le Conseil national des femmes françaises à la Chambre des députés et au Sénat.pdf/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 11 —

bienfaisance et des Caisses des écoles, dans les Sociétés coopératives, les groupements politiques les plus divers, les loges mixtes et dans certaines associations cultuelles protestantes. Enfin, il existe des Syndicats professionnels féminins et des Sociétés féministes où sont étudiées des questions de toute espèce.

Cependant, l’indifférence et l’ignorance se rencontrent parmi les femmes tout autant que parmi les hommes, et le résultat du suffrage féminin pourrait s’en ressentir. Faut-il donc admettre une sélection ? et comment la faire ? Notre esprit démocratique s’oppose à toute distinction ayant pour base la fortune ou les diplômes, aussi n’est-ce pas par sélection qu’il faut procéder, mais par étapes.

Que les femmes obtiennent d’abord les droits municipaux : elles complèteront ainsi leur éducation. Et, quand elles auront prouvé leurs capacités et leur bon sens, les droits législatifs leur seront accordés.


Étude des projets parlementaires


Projet Gautret. — Le 2 octobre 1901, M. Gautret déposa sur le bureau de la Chambre, une proposition de loi tendant à accorder le droit de vote aux femmes célibataires, veuves ou divorcées, c’est-à-dire, explique-t-il, à la femme responsable d’elle-même, au chef de famille ayant un intérêt indépendant à faire valoir. »

M. Gautret continuait la vieille tradition de la dépendance de la femme dans le mariage, il renforçait encore le principe de l’autorité maritale. Il pensait sans doute, en faisant cette énorme concession à tous les hommes mariés, obtenir plus rapidement le commencement de réforme qu’il proposait. Illusion ! Son projet ne fut jamais discuté.

Pour la femme, dit-il dans l’exposé des motifs, sujétion, dépendance, obéissance aux lois que nous avons faites et qui forcément nous sont favorables ; inégalité nécessaire, inéluctable ; lutte des sexes remplaçant la lutte des classes !

M. Gautret pensait enrayer cette lutte en faisant adopter le projet suivant :

Article Unique.Le droit de vote dans les élections municipales, cantonales et législatives, est accordé aux femmes majeures célibataires, veuves ou divorcées.

Sous ces réserves, les conditions du vote imposées aux électeurs sont exigibles des femmes en tant qu’électrices.


Les féministes, parmi lesquelles se trouvent de nombreuses femmes mariées et mères de famille, ne firent pas une très active propagande en faveur de ce projet qui mourut avec la législature qui l’avait vu naître.


Projet Dussaussoy. — Le 10 juillet 1906, une nouvelle proposition était déposée à la Chambre par M. Dussaussoy.

Cette proposition ne fait aucune distinction entre les femmes, mais elle les tient à l’écart des élections législatives, Les raisons en Le données par M. Dussaussoy lui-même dans l’exposé des motifs :