Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/186

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avions, et rangea la bouteille et les verres. Elle se déshabilla ensuite entièrement, dénoua ses cheveux pour augmenter la volupté, et parut belle comme Vénus sortant de la mer. D’une main couleur de rose, ombrageant, plutôt à dessein que par pudeur, sa nature mignone : Joutez à cette heure, et joutez vaillamment, me dit-elle, car je ne quitterai pas la place, et je ne tournerai pas le dos ; si vous avez de la valeur, disposez-vous à combattre, et me tuez pour mourir avec moi ; le combat d’aujourd’hui n’aura pas de relâche.

En même-temps elle monte sur le lit, elle se couche tout de son long sur moi, puis sautant à plusieurs bonds, et démenant les reins d’une façon lubrique et voluptueuse, me saoula de tous les fruits que l’on recueille dans les combats amoureux, jusqu’à ce que fatigués de corps et d’esprit nous demeurâmes tous deux embrassés pour reprendre haleine. Nous passâmes ainsi toute la nuit sans dormir, et luttans ensemble, nous parvînmes au jour, nous délassans souvent à coup de verre, et aiguisans nos amours pour renouveller notre plaisir. Dans la suite, nous passâmes plusieurs autres nuits comme nous avions fait celle là.

Il arriva qu’un jour Birrhène m’envoya prier d’aller souper chez elle, et, quoi que je pusse faire pour m’en excuser, je n’en pus venir à bout ; elle