Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/188

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voulut absolument que j’y allasse. Il fallut dont en parler à Fotis, et lui en demander son avis, comme on fait aux Augures, quand on veut entreprendre quelque chose. Bien qu’elle ne voulût pas que je la quittasse d’un moment, elle m’accorda néanmoins gracieusement cette petite trêve : Mais au moins, dit-elle, prenez garde à revenir de bonne heure de ce soupé, car la maudite faction d’un nombre de jeunes gens de qualité a troublé toute la ville, et vous trouverez de côté et d’autre des hommes égorgés dans les rues. Les troupes du gouverneur de la province sont trop éloignées d’ici pour empêcher ce désordre ; et, comme on sait que vous êtes homme de qualité, et qu’on a du mépris pour un étranger (40), on pourroit bien vous dresser quelque embuscade.

Ma chère Fotis, lui dis-je, sois sans inquiétude ; car, outre que je préférerais le plaisir d’être avec toi à tous les festins du monde, c’est que par mon prompt retour, je te mettrai l’esprit en repos. Cependant je n’irai pas seul, et mon épée que je porterai avec moi, suffira pour me mettre en sûreté. M’étant ainsi précautionné, je vais à ce soupé.

J’y trouvai beaucoup de convives (41) ; et comme Birrhène étoit une dame de grande distinction, c’étoit les gens les plus considérables de la ville. Le repas fut magnifique. On se mit à table sur des lits d’ivoire, dont les couvertures étoient d’étoffe brodée d’or. Il y avoit une quantité de grands vases pour