Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/292

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sera changé en oiseau, où j’irois le chercher, et quand je le reverrois.

Aux Dieux ne plaise, lui dis-je, qu’il me vînt jamais dans la pensée de commettre une action si noire, que de manquer à revenir auprès de toi, après que j’aurai été changé en oiseau, quand même je pourrois, comme l’aigle, élever mon vol jusqu’aux cieux, que Jupiter se serviroit de moi pour annoncer ses ordres, et me donneroit son foudre à porter. Je jure par ces beaux cheveux qui ont enchaîné ma liberté, qu’il n’y a personne au monde que j’aime tant que ma chère Fotis. D’ailleurs, je songe qu’après m’être servi de cette pommade, et que j’aurai pris la forme d’un tel oiseau, il n’y a point de maison que je ne doive éviter. En effet, les Dames prendroient un grand plaisir avec un amant beau et gracieux tel que l’est un hibou : outre que, quand ces oiseaux nocturnes sont entrés dans quelque maison, et qu’on peut les y attraper, nous voyons qu’on les attache à la porte, afin de leur faire expier par les tourmens qu’on leur fait souffrir, les malheurs dont, par leur vol funeste, ils ont menacé ceux de la maison. Mais j’avois presque oublié de te demander ce qu’il faudra dire ou faire pour quitter mes plumes étant oiseau, et reprendre ma forme d’homme.

Ne vous en mettez pas en peine, dit-elle, car ma maîtresse m’a appris tout ce qu’il faut faire pour remettre toutes ces sortes de métamorphoses dans