Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/31

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il gagna sa vie à plaider des causes ; et, comme il étoit assez éloquent et assez subtil, les procès, et même les grands procès ne lui manquoient pas (Apul. Mét. lib. xi.). Mais il se mit encore plus à son aise par le moyen d’un bon mariage, que par le moyen de la plaidoirie. Une veuve[1] nommée Pudentilla,

    liberalitatibus modicè imminutum. Nam et amicorum plerisque opem tuli, et magistris plurimis gratiam retuli, quorumdam etiam filias dote auxi. Neque enim dubitassem equidem, vel universum patrimonium impendere, ut adquirerem mihi quod majus ut, contemptum patrimonii. Il avoit fait des réflexions très-solides et très-morales sur la pauvreté (Apul. Apol.).

  1. L’accusateur d’Apulée la soutenoit âgée de 60 ans (ibid.) : il avoit son but, il croyoit prouver par-là que la passion qu’elle avoit conçue pour l’accusé n’étoit point naturelle, mais l’effet de quelque charme magique. Apulée fit voir qu’elle n’avoir gueres plus de 40 ans ; et que, si elle en avoit passé près de 14 dans l’état de veuve, ce n’avoit nullement été par aversion pour le mariage, mais à cause des oppositions de son beau-père : qu’enfin cet état de continence lui avoit ruiné la santé, jusques-là que les médecins et les sages-femmes s’accordèrent à dire qu’il n’y avoit point de meilleur remède aux suffocations qui la tourmentoient que le mariage (ibid.). Une femme, à qui l’on dit cela, et qui n’a gueres de temps à perdre, si elle veut mettre à profit ce qui lui reste d’années de fécondité, n’a nul besoin d’être contrainte par la force des sortilèges à se choisir un époux. Ce fut le raisonnement d’Apulée, et il a beaucoup de force. Eo scrupulo liberata, cum à principibus viris in matrimonium peteretur, accrevit sibi diutius in viduitate non