Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montagnes, où ils se plaisent à se baigner dans l’eau vive des fontaines.

Democharès faisant réflexion à la quantité de bêtes qu’il avoit perdues, et craignant pour celle-ci sur ce que je lui disois, consent aisément que nous choisissions chez lui l’endroit que nous jugerions le plus propre pour y placer la cage où notre ours étoit enfermé. Nous nous offrons de coucher auprès toutes les nuits, afin d’avoir soin, disions-nous, de donner aux heures nécessaires la nourriture (34) ordinaire qui convenoit à cet animal fatigué du voyage et de la chaleur. Il n’est pas besoin que vous en preniez la peine, nous dit Democharès, il y a peu de mes gens qui ne sachent la manière de nourrir des ours, par l’habitude qu’ils en ont. Après cela, nous prenons congé de lui, et nous nous retirons.

Etant sortis hors des portes de la ville, nous appercevons des tombeaux loin du grand chemin (35), dans un endroit solitaire et écarté, et dans le dessein d’y venir cacher le butin que nous espérions de faire, nous en ouvrons quelques-uns, que la longueur des temps avoit à moitié détruits, où il n’y avoit que des corps réduits en cendre et en poussière (36). Ensuite, selon notre coutume ordinaire en de pareilles occasions, à l’heure de la nuit la plus sombre, que tout le monde est enseveli dans le premier sommeil, nous nous trouvons tous, et nous nous postons devant la porte de Democharès bien armés,