Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/360

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comme à un rendez-vous, pour faire un pillage.

De son côté, Thrasiléon prend le moment favorable à notre dessein, pour sortir de sa cage, poignarde ses gardes endormis, en fait autant au portier de la maison, lui prend ses clefs et nous ouvre la porte. Y étant tous entrés avec précipitation, il nous montre un cabinet où il avoit remarqué finement qu’on avoit serré beaucoup d’argent le soir même. La porte en est bientôt brisée par les efforts de tout ce que nous étions. J’ordonne à mes camarades de prendre chacun autant d’or et d’argent qu’ils en pourroient porter, et de l’aller promptement cacher dans les tombeaux de ces morts, sur la fidélité desquels nous pouvions compter ; et je leur dis de revenir aussi-tôt pour achever de piller tout ce que nous trouverions, et que, pour la sureté commune, j’allois rester sur la porte de la maison, d’où j’aurois l’œil à ce qui se passeroit jusqu’à leur retour.

Cependant la figure de cet ours prétendu, me sembloit fort propre à épouvanter les domestiques, si par hasard il y en avoit quelques-uns qui ne dormissent pas. En effet, qui seroit l’homme, quelque brave et intrépide qu’il pût être, qui, voyant venir à lui une grande bête effroyable, comme celle-là, particulièrement la nuit, ne se sauvât bien vite, et tout effrayé, ne courût se renfermer dans sa chambre. Mais, après toutes les mesures que nous avions si