Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/426

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souvenez-vous que je vous ai avertie très-sérieusement du malheur dont vous êtes menacée, et que vous vous repentirez trop tard (2) de n’avoir pas suivi mon conseil.

Psiché l’assure qu’elle mourra, s’il ne lui accorde sa prière : elle le conjure de lui permettre de voir ses sœurs, de les entretenir, et de les consoler. Enfin elle fit tant qu’il lui accorda ce qu’elle demandoit. Il consentit même qu’elle leur donnât autant d’or et de pierreries qu’elle voudroit ; mais il l’avertit en même-temps de n’écouter jamais les pernicieux conseils qu’elles lui donneroient, de s’informer de la figure de son mari ; que cette curiosité sacrilège la précipiteroit du faîte du bonheur, dans un abîme de souffrances, et seroit cause qu’elle le perdroit pour jamais.

Psiché ayant l’esprit content, remercia son mari de lui avoir accordé ce qu’elle lui demandoit. Je mourrois plutôt mille fois, lui dit-elle, que de rien faire qui pût me séparer de vous ; car la tendresse que j’ai pour vous ne se peut exprimer, et qui que vous soyez, je vous aime cent fois plus que ma vie, et je vous préférerois au Dieu de l’amour même. Mais je vous demande encore une grace ; ordonnez à ce Zéphir qui vous sert, d’apporter ici mes sœurs, de la même manière que j’y fus apportée. Ensuite elle l’embrassa, et lui dit mille choses tendres et passionnées : Cher époux, ma chère ame, lui disoit-elle,