Page:Arène - Œuvres, 1884.djvu/201

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Ah ! mes chers compatriotes de Canteperdrix, monsieur, madame Cabridens, et vous mademoiselle Reine maintenant l’épouse du joli substitut à favoris clairs, me pardonnerez-vous mes scandales ? C’étaient les derniers frissons de l’eau où, pareil à une tige d’acier rougi, le rayon achevait de fumer et de s’éteindre.

Puis je me retrouvai presque calme : rêves romantiques, coquetteries de libertinage, toutes les folles étincelles de mon cerveau s’étaient envolées ; tandis que dans mon cœur je sentais enfin brûler, large comme la flamme d’une lampe funéraire, l’amour que j’avais toujours eu pour Roset.

Cependant, au milieu de la joie causée par ma convalescence, je remarquai que tout le monde devenait triste subitement, si par hasard je faisais quelque allusion à mon figuier ou à Roset morte.

— « Chut ! chut ! petit, disait mon père, on te défend de parler de cela ! »

Ces façons me mettaient en colère. Étais-je donc un enfant, pour m’imposer silence de la sorte ? Aussi pris-je la résolution de garder mes douleurs pour moi, et de ne plus parler de Roset à personne.

On me croyait guéri, ils appellent cela être guéri ! mais toutes les fois que j’étais seul, quand personne ne me voyait, j’allais m’asseoir sous mon figuier et je passais ainsi, pleurant et rêvant, de longues heures.

Un soir, j’étais là au soleil couchant ; on venait