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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Ce coin de pays, trop ignoré, fut toujours aimé des poètes. On peut dire aussi qu’il les aime, puisque le maire de Bourg-la-Reine s’appelle aujourd’hui André Theuriet.

Mais qu’importe au petit marchand de mouron Ronsard et le fier laurier d’or dont il couronna sa Cassandre, non plus que l’ami Theuriet, et ses romans, et ses chansons où résonne comme un écho du cor féerique de la forêt d’Ardennes ?

Les poètes ont leur mission.

La sienne à lui, et il s’y tient fort sagement, est de cueillir avant le jour, mouillé parfois, gelé souvent, le précieux mouron sauvage, pour que, dans leurs cages quotidiennement et même en hiver reverdies, les oiseaux parisiens, ses frères, les petits oiseaux ne meurent pas.

Cette rencontre du marchand de mouron m’a rappelé une aventure des temps d’innocence et de jeunesse à laquelle, tout à l’heure, j’allais songeant, tandis que le démon ou l’ange de la flânerie égarait sournoisement mes pas à travers le cher Luxembourg, autour des parterres renouvelés qu’habille maint-