Page:Arène - Friquettes et friquets, 1897.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
FRIQUETTES ET FRIQUETS

Or, en contre-bas du chemin, à la lisière d’un petit bois, une source dont j’entendis le murmure s’épanchait du coteau, mystérieuse et froide, dans un bassin de pierres brutes, d’aspect druidique, qu’ombragent treize grands tilleuls.

— C’est, me dit Marteroy, la fontaine de Cramlen, où les jeunesses en mal d’amour viennent conjurer le sort des fées.

Les douze coups de minuit sonnaient au village. Un bruit léger tinta sur l’eau, et des moines s’y dessinèrent.

— Que viens-tu de jeter ? demanda Marteroy.

Mais, redoutant sa raillerie, je feignis de ne pas avoir entendu.

Et Sylvaine ?

Mon Dieu ! Sylvaine… Mais vous hésiterez à me croire. Il est pourtant certain que, ayant voulu, certain soir, discrètement m’enquérir d’elle :

— Sylvaine ! la Briarde ! me fut-il répondu au comptoir, en voilà une qui a la chance ! Son amoureux est venu la reprendre, et ils sont mariés depuis huit jours.