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LES ESPADRILLES

— Pour faire agréer tes vœux par Louisette ?

— Parfaitement, car si tu lui dis que je l’aime et que je suis digne d’être aimé, elle te croira.

À ce discours, j’eus d’abord envie de me fâcher, puis de rire. Mais le brave garçon était sincère, il avait des larmes dans les yeux.

Juge ma conduite comme tu le voudras ! tout bien réfléchi, je fis ce que me demandait Brisacier. Me voilà donc en train d’expliquer à Louisette combien l’amour de Brisacier était d’une essence supérieure au mien, et quel honneur reviendrait à la femme qu’un tel poète aurait choisie.

Louisette, la bonne Louisette, après un peu de légitime étonnement, me parut bientôt disposée à se laisser persuader. Brisacier, au fond, si l’on ne regardait pas trop au costume, n’était pas mal de sa personne. Et puis, sur mes conseils, il s’était mis à composer des vers pour Louisette, des vers dans lesquels, abandonnent la grande lyre, il parlait de petits oiseaux, de vin clairet et de tonnelles. Une femme résiste difficilement à ces choses, et Louisette s’en trouvait flattée.