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FRIQUETTES ET FRIQUETS

Voyant l’affaire aller bon train, Louisette à moitié conquise, et Brisacier suffisamment enhardi, je crus faire bien et discrètement en disparaissant quelques jours. Je m’en allai donc dans les compagnes.

À mon retour, rencontrant Brisacier :

— Eh bien, lui dis-je, est-on content ?

— Content sans l’être, hélas ! Louisette se montre charmante, je sens que je ne lui déplais pas ; mais au dernier moment, au moment décisif, toujours elle m’échappe. Ce n’est point par coquetterie et je me demande en vain pourquoi. Il ne nous reste qu’un moyen ; j’attendais impatiemment ton retour pour cela : ce serait d’interroger Louisette.

J’interrogeai Louisette, mon système étant que lorsqu’on se mêle d’un rôle il faut le pousser jusqu’au bout, et Louisette m’ouvrit son âme. — Sans doute, monsieur Brisacier est bien gentil, et je ne demanderais pas mieux que de l’aimer, car il m’aime de tout son cœur. Seulement voilà, c’est plus fort que moi ; il y a chez lui, comme amoureux, une chose, oh ! presque rien ! qui me gêne. Et de peur de blesser monsieur Brisacier, cette chose je