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FRIQUETTES ET FRIQUETS

seulement une gelée, il se fera moucher, pour sûr ! »

Aguerri déjà, Bernique reprit bien vite le dessus. Maintenant il analysait, se rendant compte, les formes fantastiquement transfigurées par le mirage lunaire.

La nuit était douce. Un peu partout, du gazon, des arbres. Tout en montant sa garde, Bernique songea.

Réveillée à l’odeur de l’herbe nouvelle et de la bonne terre végétale remuée la veille par les jardiniers, ses pensées s’envolaient devers La Fère-en-Nivernais, loin de Paris, lion des casernes.

Il revoyait ses champs, sa forêt.

Sa forêt surtout, si belle en avril quand elle fait son métier de forêt qui est de reverdir aux premiers soleils.

Les chênes attendent encore que la poussée nouvelle fasse tomber leur feuillage d’antan qui a la couleur métallique et le bruissement du vieil or ; mais plus bas, sur les noisetiers, les chatons pendent en pampilles ; dans l’écorce noire des épines éclatent les perlettes blanches qui deviendront des fleurs demain ;