Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/111

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d’aunes peuplée en avril et en mai de myriades d’oiseaux chanteurs.

Aussi ce fut un réel chagrin précédé d’un instant de tragique surprise lorsque, s’approchant de la cage, elle trouva l’infortuné linot étendu, bec ouvert et pattes raidies, auprès de la mangeoire vide.

— « Hélas ! dit-elle, mon linot est mort. Si j’avais pu prévoir avant-hier que je resterais sortie aussi longtemps, je l’aurais recommandé à la concierge… Mais voilà ce Gaston est tellement drôle que, depuis deux jours, je ne pensais plus à mon linot ! »

En présence d’un tel événement, les idées de Nanette se trouvèrent de fond en comble retournées comme les bas noirs à coins fleuris qu’elle achevait à peine de tirer ; et, naturellement sensible, ayant pris au creux de sa main le mignon cadavre déjà froid, elle le baisa et pleura.

Puis, les bas d’ailleurs demeurant en place, petit tas couleur de charbon, au milieu duquel deux jarretières rouge vif flamboyaient ainsi que deux braises, ses idées de nouveau se retournèrent, et soudain elle s’écria :

— « Linot, tu fis bien de mourir, puisque tu ne servais de rien sur terre. Ton destin ressemblait au mien, et ce n’est pas toujours fort drôle de vivre, comme nous vivions, inutiles dans une cage d’or.