Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/153

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plans en relief, et ses pinceaux dont la pointe sèche et durcie aurait pu armer l’arc d’un Caraïbe.

Anselme, dégoûté de la nature, prit plusieurs fois par semaine le train de Paris, et là, entre autres découvertes, il découvrit que tous les couchers ne sont pas des couchers de soleil et tous les levers des levers d’aurore.

Fort à propos, sur ces entrefaites, madame Olleris se souvint qu’au temps de sa beauté première, un vieil oncle, ancien capitaine, militairement embouché, l’appelait parfois, en manière d’amitié, « grande-bringue ».

Dès lors, ses soupçons prirent corps. Elle fut certaine qu’Anselme la trompait et, naturellement, qu’il la trompait avec une grande bringue. Et, tirant le portrait du chiffonnier, pendant des heures, douloureusement, elle se figurait la grande bringue, frêle comme elle jadis, pâle comme elle, avec je ne sais quoi pourtant de moins distingué, de plus pervers… Ah ! si la pauvre madame Olleris avait pu redevenir grande bringue ! Mais voilà : N’est pas grande bringue qui veut.

L’image devenue précise de cette grande bringue la poursuivait. Il ne s’agissait plus que de surprendre Anselme en compagnie de sa grande bringue !

La chose fut d’autant plus facile qu’Anselme, homme simple, fort de son bon droit, ne se gênait guère.