Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/173

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d’interrompre, il prit un temps, s’excusa du geste, et commença :

— « Il y aurait bien des choses à dire, en ce qui concerne la psychologie amoureuse, et aussi, mesdames, un certain nombre de choses à taire sur la façon de comprendre et de traduire le drame glorieux dont s’émurent, voici je ne sais combien de mille ans, l’Eurotas, ses roseaux et ses lauriers-roses, quand, des profondeurs de l’azur, l’oiseau olympien qu’un aigle complice poursuivait vint s’abattre sur le sein frémissant de la brune épouse de Tyndare enveloppée soudain d’une tiède et molle caresse et déjà plus qu’à demi vaincue par la surprise et la pitié.

Sous l’ébauchoir et sous la brosse ce sujet a fait naître des chefs-d’œuvre.

Mais ni les statues antiques du musée de Florence, ni les fresques du musée de Naples, ni Léonard ni le Corrège qui ont peint Léda aux bords des eaux dans la fraîcheur d’un paysage, ni Tintoret ni Véronèse qui l’ont représentée nue sur le lit aux riches étoiles des courtisanes et des reines, non pas même Michel-Ange avec son marbre que Louis XIII fit détruire, mais dont heureusement une copie conservée à Dresde éternise la majestueuse impudeur, ne m’a donné l’impression de grandeur épique et d’intense réalité que je ressentis un jour devant certaine toile, hélas ! demeurée peu célèbre, de mon ami le peintre Lazarus.