Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/202

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Pierre, pour ces menus détails de toilette qu’un artiste néglige toujours, avait pris le doux laisser aller de s’en fier à Célénie ; et Célénie, par superstition d’amour, en souvenir du temps où l’on se passait de bonne et où parfois les boutons manquaient, n’eût laissé à personne le soin de cette besogne douce à son cœur, étalant, vérifiant tout, trouvant naïvement son Pierre beau sous ce linge préparé par elle, lui disant au départ, avec des airs de fâcherie : — « Allez, coureur, ne vous crottez pas et ne tournez pas trop la tête aux femmes !… » puis se cachant derrière un rideau pour l’accompagner du regard et le voir monter en fiacre au tournant de la rue.

Avait-on averti Célénie ? Pierre s’était-il trahi par son trouble, ou Célénie obéissait-elle à de secrets pressentiments ? Peu importe ! Toujours est-il que la pauvre Célénie, ce soir-là, n’en finissait pas avec sa chemise.

— « Eh bien ! disait Pierre agacé, s’il manque quelque chose à celle-là, cherches-en une autre. Pour une malheureuse chemise, que d’histoires !

— C’est la dernière, la dernière des belles ; tu sais bien que la blanchisseuse ne vient que demain.

— Donne donc, à la fin ! Sept heures sonnent ; chez les Durand on se met à table au quart, je n’ai que le temps de m’habiller… »