Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/55

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rien de ce qui pouvait servir au bien-être de ses invités.

Nous nous adjoignions parfois, pour aller chez Gaëtan, quelques camarades du sexe ennemi choisies parmi les dernières bonnes filles existant encore aux environs du bal Bullier.

C’est ainsi qu’un soir l’un de nous amena la douce Angéline.

Délicieuse à voir, Angéline, avec son teint de fleur, ses cheveux fins et fous qui lui donnaient l’air d’une rose ébouriffée mais plus délicieuse à entendre, car sa bouche, pareille à celle de la princesse du conte, d’où s’égrènent perles et rubis, ne s’ouvrait guère que pour laisser tomber des aperçus d’une ingénuité idéale.

De quel astre blanc, par le chemin de quel rayon était descendue sur terre cette lunatique personne ? Je me le demande ! Elle ignorait absolument les choses de ce monde, et marchait à travers la vie, souriante et extasiée comme un Pierrot de pantomime.

Nous nous amusions entre nous de la surprise doucement comique de ses yeux pareils à d’inquiètes pervenches. Elle, sans ombre de soupçon, acceptait les plus énormes fumisteries, croyant tout ce qu’on lui disait, et s’expliquant tout par ces simples mots « T’épatant ! » prononcés de sa voix toujours enfantine et zézayante.