Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/80

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Je veux voir Sylvine et me la figure d’ici ronde, souriante, candide et douce comme la lune.

Que faire ? Je suivis Loris. Pouvais-je laisser un vieil ami, le matin même débarqué des Flandres, seul entre les pinces du Crabe d’Or ?

Gai peut-être le soir, quand le crabe gigantesque collé au plafond, jette des flammes de couleur par toutes les aspérités de sa carapace, l’établissement à peine éclairé d’une lumière avare que distillaient de poudreux vitraux, était funèbre pendant le jour.

Pas un chat ! si : un chat rôdant et ronronnant entre les pieds des tables et qui, pour tromper ses ennuis, se faisait à lui-même belle-queue. Assis sur le marbre du comptoir, entre une pile de soucoupes à sucre et un bocal où, le museau parfois s’aplatissant au verre, tournait, tournait un poisson rouge solitaire et désespéré, un bébé de six mois caché sous un vaste chapeau dont les bords l’isolaient du monde, rose mais l’air pensif déjà, et la lèvre supérieure s’avançant, préoccupée, en visière de casquette, pétrissait à deux mains faute de distractions meilleures le bout de son petit pied nu qui, sans doute, l’intéressait comme une contrée nouvelle pour lui et lointaine. Dans le comptoir, sa mère, madame Sylvine, sommeillait.

Le hasard s’en mêla et la glace fut tout de