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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/292

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est le dernier terme de l’ambition de l’homme de science ; il n’y aspire qu’à l’occasion de quelque travail capital, et les premiers essais de sa jeunesse arrivent au public par une voie mieux assortie à leur importance, à l’aide d’une de ces nombreuses Revues qui, chez nos voisins, ont tant contribué aux progrès des connaissances humaines. Tel est le cours ordinaire des choses ; telle, conséquemment, ne devait pas être la marche de Young. À vingt ans, il adresse un Mémoire à la Société royale ; le Conseil, composé de toutes les notabilités contemporaines, honore ce travail de son suffrage, et bientôt il paraît dans les Transactions. L’auteur y traitait de la vision.


THÉORIE DE LA VISION.


Le problème n’était rien moins que neuf. Platon et ses disciples, quatre siècles avant notre ère, s’en occupaient déjà ; mais aujourd’hui leurs conceptions ne pourraient guère être citées que pour justifier cette célèbre et très-peu flatteuse sentence de Cicéron : « On ne saurait rien imaginer de si absurde qui n’ait trouvé quelque philosophe capable de le soutenir ! »

Après avoir traversé un intervalle de deux mille ans, il faut, de la Grèce, se transporter en Italie, quand on veut trouver sur l’admirable phénomène de la vision, des idées qui méritent un souvenir de l’historien. Là, sans avoir jamais, comme le philosophe d’Égine, interdit fastueusement leur école à tous ceux qui n’étaient pas géomètres, des expérimentateurs prudents jalonneront la