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Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/483

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source ; il faut qu’ils ne puissent pas dire que nous avons seulement cité d’anciennes industries. Je ferai donc remarquer combien ils se sont trompés naguère dans leurs lugubres prévisions touchant l’influence de la gravure sur acier. Une planche de cuivre, disaient-ils, ne peut pas donner plus de deux mille épreuves. Une planche en acier, qui en fournit cent mille sans s’user, remplacera cinquante planches de cuivre. Ces chiffres n’établissent-ils pas que le plus grand nombre des graveurs ( que quarante-neuf sur cinquante ) se verront forcés de déserter les ateliers, de changer leur burin contre la truelle et la pioche, ou d’implorer dans la rue la pitié publique ?

Pour la vingtième fois, prophètes de malheur, veuillez ne pas oublier dans vos élucubrations, le principal élément du problème que vous prétendez résoudre ! Songez au désir insatiable de bien-être que la nature a déposé dans le cœur de l’homme ; songez qu’un besoin satisfait appelle sur-le-champ un autre besoin ; que nos appétits de toute espèce s’augmentent avec le bon marché des objets qui peuvent les alimenter, et de manière à défier les facultés créatrices des machines les plus puissantes.

Ainsi, pour revenir aux gravures, l’immense majorité du public s’en passait quand elles étaient chères ; leur prix diminue, et tout le monde les recherche. Elles sont devenues l’ornement nécessaire des meilleurs livres ; elles donnent aux livres médiocres quelques chances de débit. Il n’est pas jusqu’aux almanachs où les antiques et hideuses figures de Nostradamus, de Mathieu Laensberg, ne soient aujourd’hui remplacées par des vues pittoresques qui transportent, en quelques secondes, nos immo-