Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 1.djvu/83

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comprises, que personne ne pouvait alors prévoir quelle serait l’issue de la révolution espagnole. « Je prends l’engagement, dit le capitaine-général Vivès à mon collaborateur Rodriguez, de donner au commandant de la forteresse l’ordre de laisser sortir, quand le moment sera venu, M. Arago et même les deux ou trois autres Français qui sont avec lui dans le château de Belver. Ils n’auront donc nullement besoin des moyens d’évasion qu’ils se sont procurés ; mais j’entends rester en dehors de tous les préparatifs qui deviendront nécessaires pour faire sortir de l’île les fugitifs ; je laisse tout cela sous votre responsabilité. »

Rodriguez s’entendit immédiatement avec le brave patron Damian ; il fut convenu entre eux que Damian prendrait le commandement d’une barque à demi pontée que le vent avait poussée sur la plage, qu’il l’équiperait comme s’il voulait aller à la pêche, qu’il nous porterait à Alger, après quoi sa rentrée à Palma, avec ou sans poisson, n’inspirerait aucun soupçon.

Les choses furent exécutées suivant ces conventions, et malgré la surveillance inquisitoriale que don Manuel de Vacaro exerçait sur le patron de son mistic.

Le 28 juillet 1808, nous descendions silencieusement la colline sur laquelle Belver est bâtie, au moment même où la famille du ministre Soller entrait dans la forteresse pour se soustraire aux fureurs de la populace. Parvenus sur le rivage, nous y trouvâmes Damian, sa barque et trois matelots. Nous nous embarquâmes sur-le-champ et mîmes à la voile ; Damian avait eu la précaution de réunir aussi sur ce frêle navire les instruments de prix qu’il