Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/141

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Les rayons diversement colorés dont se compose la lumière blanche sont, comme on le sait, inégalement séparés les uns des autres par leur réfraction dans des corps de nature différente, et c’est en cela que consiste la différence de force dispersive des corps. Ce qu’il y a de plus naturel à prendre pour mesure du pouvoir dispersif, c’est la différence des pouvoirs réfringents relatifs aux couleurs extrêmes du spectre ; et dans la théorie newtonienne, cette différence devrait être constante pour un même corps, aussi bien que le pouvoir réfringent des rayons moyens.

L’expérience nous ayant appris que ce dernier pouvoir diminuait avec la densité, il était facile de prévoir que la force dispersive diminuerait aussi, mais il était important d’examiner si ces variations suivraient la même loi. Pour y parvenir, il fallait déterminer le pouvoir dispersif des liquides et des vapeurs dont nous avions précédemment mesuré le pouvoir réfringent. La force dispersive des liquides pouvait s’obtenir aisément ; mais il n’en était pas de même de celle des vapeurs. La réfraction qu’elles occasionnent dans un prisme étant très-faible, la dispersion, qui n’est qu’une partie très-petite de cette réfraction, est à peine sensible. Aussi, malgré l’importance d’une pareille détermination, soit dans les gaz, soit dans les vapeurs, les physiciens paraissaient avoir renoncé à la déduire de l’observation. Mais comme l’objet que nous nous proposions exigeait une mesure directe, nous nous sommes efforcés d’atteindre ce but à l’aide d’un procédé dont nous donnerons une description détaillée. On verra de plus, par les résultats que nous rapporterons, que les expériences