Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/150

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sant le cristal ; un changement graduel d’inclinaison devait conduire ensuite à une compensation parfaite : néanmoins, sous aucune incidence, les rayons ordinaires réfléchis à la surface antérieure de la glace ne donnèrent des bandes sensibles en se mêlant aux rayons réfléchis par la seconde surface.

M. Fresnel évitait le défaut qu’a l’expérience précédente de reposer sur une considération théorique, et conservait de plus à la lumière incidente toute son intensité par le procédé suivant. Ayant fait scier par le milieu un rhomboïde de spath calcaire, il plaça les deux fragments l’un devant l’autre, de manière que les sections principales fussent perpendiculaires : dans cette situation, le faisceau ordinaire du premier cristal éprouvait la réfraction extraordinaire dans le second ; et réciproquement, le faisceau qui d’abord avait suivi la route extraordinaire, se réfractait ensuite ordinairement. En regardant à travers cet appareil, on ne voyait donc qu’une double image du point lumineux ; chaque faisceau avait éprouvé successivement les deux espèces de réfractions ; les sommes des chemins parcourus par chacun d’eux dans les deux cristaux à la fois devaient donc être égales, puisque, par hypothèse, ces cristaux avaient l’un et l’autre la même épaisseur : tout se trouvait ainsi compensé sous le rapport des vitesses et des routes parcourues ; et néanmoins, les deux systèmes de rayons polarisés en sens contraires ne donnaient naissance, en interférant, à aucune frange perceptible. Ajoutons encore que, dans la crainte que les deux fragments du rhomboïde n’eussent pas parfaitement la même épaisseur, on avait l’attention,