Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/246

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papier blanc qu’on a le soin de placer bien exactement au foyer ; alors on observe la même apparence. › Il faut, dans les observations photométriques, se garantir avec soin des illusions ; il est important, toutes les fois qu’on le peut, de substituer des mesures à de simples appréciations. Je ne citerai qu’un exemple des erreurs auxquelles on s’expose lorsqu’on procède autrement. La totalité de l’atmosphère est envahie par des nuages uniformes et gris, une couche de neige couvre la terre : il n’est personne qui, dans cette circonstance, hésite à déclarer que la neige est beaucoup plus brillante que le ciel ; eh bien, si l’on substitue une mesure à un jugement vague, on trouve que le contraire est la vérité.

Ne pourrait-on pas dans le cas actuel appliquer directement le photomètre à la comparaison du bord et du centre de l’image solaire projetée sur l’écran de papier ? En théorie, la chose paraît aisée ; mais en réalité, l’exiguïté de l’image solaire, l’extrême rapprochement du bord et du centre de cette image, font naître de grandes difficultés. Je suis cependant parvenu à les tourner à l’aide d’un artifice fort simple, qui aurait dû se présenter plus tôt à mon esprit : il consiste à produire deux images du Soleil, aussi distantes qu’on le voudra, avec les deux moitiés de l’objectif unique qui compose l’héliomètre de Bouguer modifié par Dollond[1]. Je puis ainsi emprunter au centre d’une des images la lumière qui doit être réfléchie par la plaque centrale du photomètre, et au bord de l’autre image la lumière qui doit parvenir à l’œil par

  1. 1. Voir Astronomie populaire, t. II, p. 54.