Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 10.djvu/269

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du nord au midi, sur la terrasse méridionale de l’Observatoire. Toute la partie des dalles au midi de mon corps était donc éclairée en plein par la lumière directe du Soleil ; mais les rayons de l’astre étaient réfléchis par les carreaux de vitre des fenêtres de l’établissement placées derrière moi ; il y avait donc là une image secondaire, une sorte de soleil artificiel situé au nord, dont les rayons venant à ma rencontre, devaient former une ombre dirigée du nord au midi. Cette ombre était naturellement très-faible ; en effet, elle était éclairée par la lumière directe du Soleil. Son existence ne pouvait donc être constatée que par la comparaison de cette lumière directe et de la lumière située à côté, composée de cette même lumière directe et des rayons très-affaiblis réfléchis par les carreaux. Or, le corps restait-il immobile, on ne voyait aucune trace de l’ombre ; faisait-on un geste avec les bras, un mouvement brusque du corps donnait-il lieu à un déplacement sensible de l’ombre, aussitôt on apercevait l’image des bras ou du corps.

On peut faire l’expérience, à la manière de Bouguer, avec deux bougies projetant les deux ombres d’un corps sur une feuille de papier. On est étonné alors de l’excès de sensibilité que le mouvement de l’ombre ajoute à celle dont l’œil semble naturellement doué.

Le procédé suivant que j’ai imaginé a l’avantage sur les méthodes précédentes de se prêter à des mesures et de résoudre par conséquent le problème d’une manière complète. On place un prisme de Nicol devant l’objectif d’une lunette prismatique de Rochon ; on vise avec cet instrument à une ouverture découpée dans un carton